Pouvait-on manquer la seconde édition du LEMANKO ENBUKAI de GENEVE ? Quelle question ! Bien sûr que non. Les participants de l’AIRBJ venus de leur lointaine Franche-Comté étaient présents à 8h00 aux bains du PAQUIS pour ce qui, à mon avis, va devenir une rencontre traditionnelle où se retrouvent les cinq éléments et les pratiquants de kyudo. Le ciel, la terre, l’eau, le bois (en l’occurrence le bambou des arcs) et le feu ! Quel feu ? Et le soleil c’est quoi un sticker accroché dans le ciel par un riche genevois!
Nous retrouvons sur place les lèves tôt de cette journée qui sera très culturelle puisque cette année est celle du 150ème anniversaire des relations économiques et culturelles entre la Suisse et le Japon et que les manifestations se succèdent au pays des banques et des Rolex. Les bains du PAQUIS ont accroché trois grosses koinobori (manche à air en forme de carpe) pour marquer l’évènement. La première cible aux couleurs des drapeaux des deux pays (blanc/rouge) est déjà en place sur son support lequel fixé sur un ponton monte et descend au grès de la houle du LEMAN. Merci à Christine et Cédric téméraires marins du lac ! Salutations au Sensei Erick MOISY (Renshi G) et à son épouse Mireille (F). Même notre président de Ligue Rhône Alpes, Christophe ROLEWSKY (Renshi F) a fait le déplacement c’est dire si il y a du beau monde!
Arrivée du très sympathique attaché culturel du consulat du JAPON à GENEVE qui assiste au salut et au yawatashi d’ouverture de cette rencontre avant tout amicale. Pour cela Erick, Mireille et Christine bandent leurs arcs et lancent leurs flèches en direction de la rive sud de GENEVE et MIZU no MIKOTO qui était aux aguets s’élance en direction du ciel laissant bouche bée les spectateurs genevois qui pensaient qu’une flèche avait touché une conduite du service des eaux et qui réalisent soudainement que ce n’est pas un incident mais bien une main divine qui a ouvert la vanne!
Le public nombreux est de tout âge et de toute nationalité et les japonais sont remarquables à cette occasion. La compétition démarre bien entendu par les plus jeunes dans le grade le moins élevé par sharei de trois tireurs. Grâce à ma performance de juillet je me retrouve dans le second groupe. J’ouvre une parenthèse pour vous signaler que je dois dès à présent figurer dans le livre japonais des records avec la mention : “Recordman des perceurs d’azuchi maku. A réussi à placer, lors de la première journée de séminaire ses deux premières flèches dans le maku et a réitéré l’exploit lors de l’examen malgré une corde cassée. Une telle constance mérite d’être encouragée” !
Mes quatre flèches s’envolent. Une seule dans le support mousse de cible mais aucun canard coulé!
Certains tireurs sont excellents et pour éviter toute vexation en oubliant un nom je ne citerai que le vainqueur de ce premier tournoi : Kazutaka ITO qui cumule la première et la seconde place. Exploit chaleureusement applaudit par tous.
La seconde épreuve est un peu plus originale puisque la mato est en fait une silhouette représentant la tête d’un individu avec, fixée sur un fil au dessus de celle-ci, une pomme, une vraie, dont la variété m’échappe. Toute ressemblance avec un tireur et un exploit célèbres en HELVETIE n’est pas fortuite. Grâce à la complicité du vent et de l’eau la pomme amorce un mouvement d’essuie glace mais après tout nous sommes au bord du lac!
Grâce à la houle trois de mes quatre flèches seront “ ciblées” dont une à proximité du fruit défendu. Certains pourraient trouver à redire sur le fait que je ne parle que de mes exploits. Mais après tout c’est moi qui écris et comme on dit:“ si vous voulez que ce soit bien fait… faites le vous-même” ! Finalement personne ne gagnera ce tournoi et la pomme regagnera son cageot sans égratignures. L’année prochaine peut être sera t elle sortie et exposée à nouveau à nos flèches. Certes elle sera un peu flétrie mais elle ne sera pas la seule dans ce cas!
Le public qui a été très bien accueilli notamment avec thé et gâteaux, dont les trop éphémères taiyaki de Capucine, se disperse. Nous regagnons notre cabine pour revêtir nos vêtements de ville.
Remise du prix au vainqueur Kazutaka ITO par Sensei Erick MOISY
Le repas de midi est pris dans la zone VIP des bains du PAQUIS. Au menu entrecôte de cheval aux morilles (à défaut de magrets de canard). Dans l’affaire j’ai perdu une flèche qui doit se trouver, si le vent a été favorable, du côté de MONTREUX.
Vers 14h nous faisons mouvement vers le Conservatoire de Musique Populaire de la rue François d’IVERNOIS (homme politique et économiste genevois) pour assister à l’avant première du film réalisé par Sensei Erick MOISY : “ MATO NO MUKO ” Près d’une centaine de personnes présentes dont l’attaché culturel du JAPON. Belle réalisation cinématographique soutenue par une excellente musique. Quel est la place et l’impact de la compétition en kyudo ? J’ai noté dans ce film que l’un des vainqueurs de la Coupe de l’Empereur (le trophée le plus prestigieux) soulignait que cette compétition l’obligeait à se dépasser et bien que sérieusement malade il envisageait de reprendre l’entraînement pour concourir une seconde fois. Il sera hélas obligé de renoncer à son projet. J’ai gardé en mémoire la phrase d’un grand champion de judo, le japonais Yasuhiro YAMASHITA qui à l’issue d’un tournoi qui venait de remporter a déclaré : “Avant le tournoi je n’étais pas champion, après le tournoi je ne l’étais déjà plus”. La victoire est éphémère comme les fleurs de cerisiers, comme la vie terrestre au regard de l’univers! A quoi bon chercher la cible ! La flèche finira bien par la trouver elle-même pourvu que je lui montre le chemin et lui donne l’impulsion juste pour le parcourir!
Retour un peu perturbé en raison d’un accident sur la voie rapide de LAUSANNE et arrivée à BELFORT vers 21h30. Belle et bonne journée. Merci à Erick Sensei pour ces bons moments très conviviaux et aux pratiquants des clubs SDK et AKBG pour leur accueil chaleureux ! Merci à Lionel et Chantal pour le covoiturage.
Pour ceux que le film est susceptible d’intéressé ils peuvent consulter le site MATO NO MUKO. A mon avis MATO NO MUKO mérite de figurer dans votre répertoire cinématographique