Japan Expo
Bonjour, voici un petit récit côté traditionnel de la Japan Expo.
Pour ceux qui ne connaissent pas l’évènement, cette année était le quinzième opus de cette manifestation qui avait lieu du 2 au 6 juillet inclus.
Cette dernière regroupe tout ce qui a attrait à la culture geek tournant autour du Japon et se déroule au parc des expositions de Villepinte à Paris Nord.
Il y a des cosplays (personnes vêtues commes leurs personnages préférés), des mangas et dédicaces de mangaka,
de la musique japonaise (Jpop, visual key, …), des web series, des conférences sur la culture et des arts martiaux.
Sommaire:
Pour notre récit, je vais rassembler de ma tête encore embrumée et rêveuse tout ce que j’ai rencontré pour le côté traditionnel et arts martiaux.
Le samedi je suis allé voir un club qui regroupait iaido, kendo, chanbara, naginata, jodo.
Nous avions l’opportunité de faire des initiations.
Ayantdéjà eu l’occasion de faire du chanbara lors d’une des précédentes Japan Expo, j’optai pour le iaido.
Pour information, le chanbara est le fait de porter des masques et de se taper dessus avec des armes en mousse.
C’est un dérivé de l’escrime avec des armes simili japonaises(tanto, kodachi, …).
On est sur des appuis sautants et on joue à la touche. Niveau martialité pure, je ne suis personnellement pas convaincu, mais amusement garanti 🙂
Concernant l’initiation au iaido. Nous sommes bien sûr dans du iaido et non pas du iaijutsu, donc il convient de garder cela en tête.
On notera que les armements des frappes sont beaucoup plus accentuées avec des pertes de menaces, des kisakis qui de face sont pour moi bien excentrés lors des coupes latérales, …
Mais justement le changement de vision est ce qui rend l’expérience enrichissante. Cela n’empeche pas d’apprécier l’inventivité, le travail des centres, les centres de gravité
qui ne font pas de yoyo, ainsi que globalement le sérieux dans le travail. Un des enseigants nous enseigne en toute simplicité les deux premier katas.
Tout a été transmis avec une grande gentillesse. Bon je me suis fait grillé dès le départ en tant qu’élève d’art martial: j’ai fait un batto(dégainé) en passant le dos de la main sur le sabre.
Léger sourire d’un des enseigants lorsqu’il me voit faire ça: damned je suis démasqué ! Mais ils m’ont traité pareil que les autres élèves et justement j’ai apprécié.
1/2h d’initiation pour faire 2 les deux trames de 2 katas c’était court mais intense.
Plus tard j’ai pu voir lors de démonstration des katas partant de seiza et, plus incongru, un kata partant même les quatre fers en l’air, assis sur les fesses les doigts de pieds en éventail.Cela m’a enthousiasmé de voir cette diversité et comment inverser la vapeur dans cette situation.
Je n’ai personnellement pas du tout apprécié de voir le kendo. Lors des initiation, on initait plus à sauter en tant que kangourou (super yoyo avec le centre de gravité!) pour délivrer des frappes men (à la tête) sur les casques. Vu le mouvement demandé, les frappes sautées n’avaient quasi aucun impact. Je ne vois pas du tout dans la future pratique martiale du kendo, des personnes en armures faire des sauts de cabri pour faire une touchette coquette à la tête en plein déséquilibre. Autant frapper des buches de bois en restant immobile, cela aurait été beaucoup moins ridicule. Enfin à mon sens.
De plus lors de la démonstration des kendokas hors initation, il n’y avait que du fonçage pur et brut l’un sur l’autre. La seule technique démontrée était le jeu de la distance entre la distance de touche et l’esquive en ligne droite: l’attaque en ligne droite loupe le men suite au mouvement de recul du partenaire, d’où une contre attaque en ligne droite sur le men en avançant. Peut être ai je mal vu, voyons voir en me déplaçant derrière et devant? Non, c’est bien ça, pas de prise de fer subtile, pas d’écartement de shinai, pas de changement de ligne: on resterait en garde et ça suffirait à empaler l’autre.En 15 min, on a eu le droit à une frappe dou ( niveau hanche), une frappe kote (poignet) et tout le reste men. Je reste très déçu et sur la faim en ce qui concerne la démonstration lorsque l’on voit/sait le potentiel de cet art.
Le naginata est une forme d’escrime mais avec un naginata(sorte de hallebarde japonaise). On retrouve les mêmes qualités et défaut que pour l’escrime sportive européenne. Les protections ne permettent pas la sensation de danger. On est plus sur de la touchette que sur des vraies coupes. On est plus dans du sport martial que dans un véritable art martial. Cela dit lors de la démonstration, on voyait bien les différentes lignes d’attaque, éventuellement cetains enroulés. Donc en sachant ce que l’on regardait, c’était un spectacle plutôt sympathique et d’une certaine tonicité.
Le jodo (avec un baton moyen d’un peu plus d’un metre) était particulier mais intéressant. En kobudo nous avons besoin d’armement puissant. Là, la manipulation était totalement différente. L’enseignant tapait avec le bout le poignet ou l’avant bras , puis pouvait placer des clés. Le Jo a une manière particulière de se déplacer dans l’espace. On peut changer de côté du jo dans un sens en changeant l’épaule qui est à l’avant. C’est étrange à première vue, mais l’arme est plus courte et les objectifs ne sont pas les mêmes comparés au bo qui est beaucoup plus grand. Donc c’est d’un oeil plein de curiosité que cette démonstration s’est passée. Comme quoi la longueur compte quand même dans l’arme au niveau de la manipulation. On peut se permettre certaines choses avec une arme plus courte et cela influe sur le type de déplacement.
Après j’ai été sur une scène culturelle à un rassemblement de groupe de supporter japonais professionnels. Culturellement c’est très éloigné de notre culture. Ce groupe supporter, Aozora Oendan, a un code de conduite particulière et descend un peu des chanteurs de guerre pour les samourais. Pour eux, encourager est quelquechose de presque mystique. Vous pouvez les appeler pour motiver pour les employés d’une entreprise, pour les matchs, pour vous encourager pour faire une demande en marriage, ainsi que nombre d’autres choses. Ils sont convaincus et convaincants. C’est leur don à la cmmunauté. Ensemble il y avait une telle énergie positive pour aider les gens qu’on ne peut y rester insensible. J’avoue qu’ils m’ont enthousiasmé par leur ferveur.
Puis j’ai vu en démonstration une école qui couplait deux ryus: un ryu de iaido et un ryu de tameshi geri.
Le iaido était dans la pleine ligne directrice de ce qu’on a vu plus haut sauf que les mouvements étaient interprétés en outre par une 6ème dan. Donc la netteté du travail était vraiment impressionnante. L’école de tameshi geri, bien que de fondation « récente » moins de 100 ans, a su démontrer de belle manière sa maîtrise. Outre les coupes classiques, nous avons pu assiter à des coupes avec le wakizachi: 3 coupes d’affilée sur la botte avec un mouvement de poignet et de corps. De plus, en clou de la démonstration, nous avons vu une coupe latérale de no-dachi (grand katana qui servait à couper les jambes des chevaux dans l’armée) ! Même si la personne peinait à manier (et on le comprend vu le poids de l’arme) sa coupe latérale de deux bambous était parfaite !
Au détour de l’enceinte des ninjas, alors que je sortais d’une animation, j’ai pu voir des kajos que je connaissais. Quelle ne fut pas ma surpise de reconnaitre quelques trames de Katori Shinto Ryu! Cependant après quelques minutes d’observations ce n’était clairement pas du style Sugino. Qu’à cela ne tienne, c’étaient d’autres pratiquants de notre école: allons les voir.
Après quelques minutes de discussions avec un des élèves visiblement bugeisha, je pu apprendre qu’ils pratiquaient le style Otake. Ce style bien que similaire au notre a visiblement des différences sur le fond. Je pense notamment aux armés des maki uchi, au niveau de l’équilibre, mais aussi des gardes plus de côté. Sur la forme, dans les trames se glissaient certains de nos bunkai. Leur interprétation était intéressante. J’ai aussi pu apprendre avec stupeur aussi que certaines personnes du style Sugino effectuaient des stages avec les personnes du style Otake. Voilà une bonne nouvelle. Cela veut dire qu’il y a peut être des portes ouvertes pour correspondre avec les autres styles de notre école. J’ai pris les contacts, nous verrons ce que cela donnera à la rentrée. Mais le partage pouvant en résulter pourrait être très enrichissant.
Enfin, pour finir, outre les vendeurs de sabres décors, dont certains coupant un peu, j’ai pu rencontrer un authentique forgeron coutelier. Son stand changeait du reste car tout de suite, dans un soucis de sécurité, nous lisions des écriteau nous incitant à la prudence pour ne pas se blesser. Enfin, après moult copies imaniables sur les autres stands, de vraies armes étaient à la vente, avec des indications de danger, ce qui était inconnu dans le reste de la convention. Cela de base démontrait un sérieux et m’incita à m’avancer vers l’échoppe. Après avoir examiné sans toucher les différentes armes (sakens, kamas, couteaux divers, katanas, …), j’écoutai la personne qui devait diriger ce stand expliquer avec un boken certains principes de coupe.
Puis n’y tenant plus, même si je n’ai encore que peu d’expérience avec les vrais sabres, je demandai au forgeron humblement si je pouvais tester une de ses lames. Après avoir discuté et pour mon grand plaisir, il accepta. Je pus ainsi apprécier, à mon faible niveau, un magnifique katana. Etant tendu à cause de mon attention à la foule et aussi la peur de blesser quelqu’un autour, je ne pus donner mon amximum et j’étais trop rigide en haut. Ce que ne manqua pas de me faire remarquer immédaitement ce pratiquant. Puis nous discutâmes du sabre. Cette personne était à la fois passionnante et passionnée. J’ai vraiment pu apprécier la pertinence des arguments et la différence de niveau entre ce pratiquant chevronné depuis 22 ans d’art martial et ma petite personne. L’humilité et la simplicité du discours de ce coutelier forçait l’admiration ainsi que permettait de mieux se rendre compte encore à quel point le chemin à venir serait exaltant et long. J’ai profité de la fin de l’échange pour prendre donner les coordonnées de ce vrai amoureux des armes. Il doit m’envoyer de la documentation et je les passerai volontiers aux responsables de section ou à qui voudra.
J’aurai pu encore écrire de nombreuses pages sur cette belle manifestation qui mêle aussi bien traditionnel que technologie.
C’est encore sous l’effet du charme que je termine ce récit.
Merci Laurent pour ce compte rendu intéressant. Rencontrer, échanger en toute simplicité et humilité voilà ce qu’il faut faire.